lundi 30 mai 2011

Quand DSK déshabille le digital.Les 4 lessons à retenir.

Dans le tumulte actuel de l'affaire DSK, il est intéressant de se pencher sur ce qu'elle a révélé de nos nouvelles habitudes, de celles des medias, et donc de ce qui se profile pour les 12 prochains mois de campagne à venir.

Tout d'abord la suprématie des medias du web sur les autres sources d'information. Oui les nouvelles nous sont parvenues un dimanche, et donc nous avons tous eu besoin du web pour nous informer. Mais surtout, l'affaire a été relayée tout d'abord par un tweet, « informé » depuis NY. Très vite et comme le montre ce graphe de l'activité sur Twitter, la nouvelle prend et affole les compteurs. Même chose le lendemain lors du procès, où pour la première fois la mise en accusation a pu être suivie en France depuis la salle d'audience, de nombreux journalistes relayant l’audience en direct sur Twitter. Certains d’entre eux comme ceux de Canal+, n'ayant pas eu le droit de se servir de cet outil web, avaient du coup déjà 20 précieuses minutes de retard lorsqu'ils sont sortis de la salle d'audience pour nous « informer ».

C'est donc non seulement une suprématie des outils web, mais aussi une accélération folle des informations à laquelle nous avons assisté. En 20 minutes, les résultats n'étaient plus chauds mais tièdes, d'où une traque folle pour fournir des détails aux masses d'internautes en recherche de nouveautés : une reconstitution vidéo venue de Taiwan, de (fausses) photos de la femme de chambre, bref une déferlante de soit disant « informations » dont la vérité finalement compte moins que le fait d'exister et de remplacer celles devenues anciennes.

Mais au delà de tout cela, un nouveau comportement est aussi apparu massivement : la possibilité avérée de commenter en live et sur les réseaux sociaux. Sur ma propre page, 80% de mon mur Facebook contenait des commentaires sur l'affaire. A travers DSK, les Français ont découvert leur capacité à commenter massivement et en public un événement. Je ne parle pas de le faire dans les diners en ville, mais d'activement le faire sur le web. Une première, qui donne une résonnance d'autant plus forte et telle qu’elle stimule la recherche d'informations nouvelles, de blagues à transmettre, de dénonciation ou de satisfaction.

La nature des réactions est du coup intéressante à étudier car elle montre ce qui finalement stimule le partage sur internet. Une chose saute aux yeux : les informations négatives ont finalement beaucoup plus de retentissement que les informations positives. Par exemple, le site du Figaro.fr a enregistré le jour de l’arrestation de DSK 40% de visites de plus que le jour de la mort de Ben Laden. 40% ! Très rapidement les tweets les plus relayés sont devenus des jokes plus ou moins gentilles, dès lundi la théorie du complot était validée par le CSA, et les Tweets repartaient de plus belle.

Une série de comportements qui au final peuvent nous donner un premier éclairage sur la manière dont le web se comporte, et se comportera cette année :

1. Des informations courtes et qui se défraichissent très vite, la succession d'annonces étant l'ultime moyen de rester « chaud » et donc d’être « sujet de conversation ».

2. Des informations négatives circulant plus facilement que les positives, nos candidats vont devoir travailler d'arrache pied pour rendre une vision politique attirante, et surtout pour qu'elle soit un sujet de conversation.

3. Des informations qui dans leur forme évoluent d'une annonce, à une vidéo, à un jeu en ligne (si vous ne l'avez pas vue:  www.maidcatcher.com ), à des compilations des « best of » quotidiens. Preuve ultime s’il en fallait encore une que le terrain d'expression se déplace sur toutes les plateformes.

4. Un public qui est prêt à relayer une information, à la commenter et donc à s'investir. Le web peut ainsi devenir une arme de destruction massive. Comme il pourrait aussi devenir une arme de construction massive, mis entre de bonnes mains.

Un enjeu donc de responsabilisation de nos hommes politiques et de leurs responsables de communication. Car l'influence telle que nous la connaissons aujourd'hui est utilisée par des apparatchiks jouant pour semer le trouble. Un jeu finalement extrêmement facile, mais aussi une bombe à retardement car l'arroseur se retrouve souvent arrosé.

Si de nouveaux comportements ont été créés, demandons donc à nos responsables politiques d'apprendre à les utiliser efficacement et positivement. L'élection américaine a prouvé que c'est possible.

 Et impossible n'est pas Français, si ?

 

Posted via email from #think: Freddie's posterous

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